Pierre
La pierre chaude
Sous le soleil de l’été
Comme un œuf rond
Soir
Lentement au soir
Les arbres s’assombrissent
La lumière fuit…
Doucement le soir
Métamorphose l’été
Apportant le froid
Moucheron !
Harcelant mes joues
Les moucherons fous volent…
Je frappe mon nez !
Jean-Youri
Avertissement : Derniers de mes anciens haïkus écrit au printemps...
Absence de l'aimée
Regret de ton absence
Un papillon noir
S’est posé sur une fleur bleue
J’ai cru voir tes yeux !
Contraste triste
L’oiseau fou pépie
J’écoute sans sourire :
Printemps sans amour
Impossibilité
L’oiseau sautille
Sur les graviers puis vole
Je reste assis !
Vision d’ensemble
Vents et oiseaux jouent,
Pétales blancs envolés,
Le printemps, enfin !
Couleurs
Roucoulement blanc
Nuage filant au ciel
Et le vert des champs…
Invisibles
Trilles des oiseaux
Mais plumes invisibles
Cachés : ils chantent.
Contrastes climatiques
Attentes de la pluie
Les oiseaux pépient
Dans les arbres verdoyants
Malgré le ciel gris.
Attente du soleil
Pierres glissantes
Et mouillées, je cours chez moi
Chercher le soleil.
Haïku de printemps
Eveil
Clarté douce
Le jour à la fenêtre
Devient printemps.
Thé
Le thé au jasmin
Saveurs de fleur, de printemps :
Bol chaud dans mes mains.
Vent léger
Le souffle léger
Embrasse mon visage,
Caresse du vent.
Larme sans lumière
Juste une larme
Perlant à tes yeux d’ombre :
Un souvenir d’aimer.
Haïku nocturne
La nuit profonde
M’entoure de froids plis noirs
Je pleure : Pourquoi ?
Jean-Youri (partie 4)
Je ne tente pas une versification parfaite selon le rythme traditionnel japonais (5 7 5). Mon but reste de privilégier l'impression, la sensation, parfois en respectant le nombre fixé de syllabe.
Le ton peut être délicat pour exprimer la tendresse du jour et la beauté de ses atours, être amusé ou farceur, à la façon de Bashô lui-même… Inquiet, etc… tout, pourvu que cela se fonde sur un sentiment vrai.
De nombreux haïkus contemporains explorent aujourd’hui les domaines du possible, de la poésie. Aussi bien sur la forme que pour l’inspiration. Citons les aïcous (haïkous de Provence) à prononcer comme aïoli ! Le domaine d’inspiration peut être les événements du quotidien, du contemporain :
Le gris des murs : trois haïkus contemporains
Rubans
Automobiles en files
Les rubans d’asphaltes muselant le sol
La saison est unique en ville.
Murs
Les murs s’amoncèlent
Cubiques ou rectangulaires
Aucun en forme d’arbres.
Gris
Vitres des immeubles
Miroirs du ciel enfumé
Se reflètent sur les lunettes.
La formule la plus classique des haïkus respecte le nombre conventionnel de syllabes et de vers : tercets de rythme 5 7 5, ainsi qu’une inspiration liée à la saison.
Impressions :
Insomnie
Lune argentée
Dans le ciel de printemps :
Nuit de paresse
Route perdue
Arbres longs et forts
Peuplant les forêts sombres
Oh ! L’inquiétude !
Cavalière (dédiée à Toffie)
Galops du cheval,
Sabots frappant le sable,
Rires de femme.
Mais d’autres rythmes peuvent être employés, à la convenance du poète. Voici quelques exemples en 3 5 3 :
Lumière
Le ciel bleu
Vibrant de soleil
Lumière !
Chants
Chants d’oiseaux
Aigus et joyeux :
Le printemps.
Vision :
Fins brins verts
Parsemés de fleurs :
Joie douce…
Bourgeon :
Le bourgeon
S’entête d’éclore,
Doux printemps.
Ailes
Vol d’oiseau,
Battements d’ailes,
Ciel d’azur.
Fuite
Il s’échappe
L’oiseau du bosquet
Bruits d’ailes…
Enfin, il est possible d’utiliser des genres proches du haïku mais différentes par l’intention visée par l’auteur: ce sont les senryus par exemple. Les senryus sont des poèmes satiriques, de sujet parfois politiques ou érotiques. Voici quelques essais…
Foule
Trottoir de passants
La foule courre et crie
A chaque lundi !
Elle
Les lèvres roses
Oh ! Boire à ses seins blancs
Femme tant aimée…
Mariage arrangé, dérangé
Lit trop peu défait,
Flamme voulue éteinte...
Soupirs feints d’amants !
Toute poésie est une invitation… au rêve et à la beauté, à la découverte de l’autre et à l’amitié… Je vous invite à lire et si vous le désirez, à écrire.
Jean-Youri (partie 2)
Avertissement : suite à des problèmes sur over-blog mon dernier article a été éffacé !
Proposition : pour composer des haïkus…
(je reprends des haïkus plus anciens comme exemples)
Ressentir…
Voir et lire : ressentir. Le printemps parsème de pétales fleuris et de senteurs mes chemins et mon jardin. Les branches de lilas placées dans les pièces enivrent jusqu’à l’extase. La nuit vient doucement, les étoiles deviennent yeux d’argent fixant mon regard. Doucement s’établit l’envie de continuer d’écrire, de capter les sensations, de les donner à renaître sous forme de haïkus.
La sensation liée à la saison : pour traduire ce moment, cette impression, cette fulgurance… Le haïku nous offre ces tercets. La saison est passage au sein d’un cycle éternellement renaissant. La personne désirant composer des haïkus, à la recherche de l’inspiration peut, comme le maître Bashô, traduire cette sensation entre éphémère et éternité.
Printemps
Le cerisier en fleur,
soleil éclatant.
Ses pétales, comme des lèvres de femme.
Contemplation
Le papillon joue dans les vents,
L’enfant ri.
Le soleil, immobile à midi, les regarde.
Parfum
Les pétales en grappes blanches
Dodelinent au souffle léger…
Les parfums encensent le jardin.
Lumière
La lumière caresse le cerisier
Blanc et floconneux.
Branches chargées de pétales lumineux.
Chants
Ciels bleus à l’infini,
L’oiseau s’envole,
Le vent chante dans les fleurs.
Pluie de pétales
Comme une pluie…
Les branches vibrent sous l’envol de l’oiseau,
Le poète, cheveux blanchi de pétales !
Apparence
Le tronc, vieux d’écorce fripée,
Porte le vent, les pétales, les oiseaux :
L’éternelle jeunesse de la nature.
Horizon
L’océan vert de l’herbe
Recouvert de l’écume des pétales tombés,
Horizon infini.
Faux lit
Les narines vibrent,
Le cœur tapant :
Le poète, fou pour les hommes.
Vertical
L’insecte, élégant noir
Gravit de la feuille à la fleur.
Le soleil, si haut.
Blanc
Neige au printemps
Ou pluie de pétales ?
L’oiseau pépie.
Lit
Le lit d’herbe,
Le voyageur est l’insecte.
Mon visage pour lui, montagne.
Grotte
Il vole, pétale ou insecte ;
Ma narine devient grotte.
La montagne assoupie s’éveille.
Perte
L’abeille vole
Dédaignant le cerisier.
Un pétale, sur le point de se décrocher.
Abeille
L’abeille dans la bouche de la fleur
Pétales blancs, ailes lumineuses.
Disparue. Une couronne de fleur tremble.
Soir
Moucherons en myriades.
Déjà la nuit ?
Les pétales deviennent gris.
Course
Minuscule araignée sur ma jambe
Huit pattes sur la mienne !
Cavalcade folle…
Vol
Plus haute que l’homme
L’abeille vole.
Fleurs à mes pieds.
Jean-Youri (partie 1)
Poème en prose : la vie intérieure d’une fleur
La vie intérieure d’une fleur
Ferment. Obscurité chaude d’entrailles pourrissantes. Puis la vie… Chaleur et eau fécondante. La vie croît, s’étire… Puis la lumière.
Respirer. La tige porte la feuille. Elle est mon visage, mon premier développement, ma première pensée.
Puis le soleil me nourrit, mes feuilles se multiplient. Je deviens fleur, femme, séduction.
L’abeille, l’oiseau et le papillon me convoitent. Je suis fleur, je suis femme, je suis printemps.
Ma tige est mon torse, mon buste vêtu d’élégance, sur lequel repose un lourd collier de rosée.
Je suis vie. Ma tige est force. Mon visage est feuille, mon âme senteur et mon enfant : fruit doux de l’été.
Jean-Youri
J’ai écrit ce poème en pensant à celui lu par Charles Juliet lors de la Rencontre d’auteur à Troyes : Les Voix. Les plus anciens lecteurs de mon blog le connaisse à travers les différents articles qui lui sont consacrés : Affûts, L’inattendu, Ce pays du Silence…
Je crois avoir restituer par la musicalité de ce poème l’histoire des mains et le rythme si agréable dans Charles Juliet. J’aurais aimé accompagné ce poème de mes dessins, mais ceux-ci scannés ne sont pas très beaux ! J’ai montré ce poème à une professeur de français présente à la Rencontre. Je crois qu’il est réussi. Aussi, je voudrais le partager avec vous.
Poème en vers libres : les mains
Les mains ridées,
Plissées,
Aux veines apparentes.
Les mains douces aux ongles roses,
Les mains pâles,
Aux veines d’argent.
Les mains puissantes,
Aux os lourds,
Saillants.
Mains dont les veines bleues
Coulent comme des fleuves…
Mains aux paumes ouvertes,
Larges comme un fruit offert.
Mains au poing fermé
Telle une pierre en mouvement
Ricochant,
Bond arrivant d’autres bonds
Geste après gestes sur l’eau.
Les mains aux ongles coupés et ronds,
Roses et délicats,
Dont on rêve la caresse…
Les mains grandes et carrées,
Porteuses de briques, de pierres,
Fortes comme des vies d’hommes.
Les mains anguleuses,
Angles et ongles biseautés,
Doigts crochus et secs.
Mains paumes visibles,
Monde doux.
Mains ouvertes, rondes
Doigts écartées
Comme signe de paix.
Mains fermées,
Bouclées,
Poings frappeurs.
Mains aux histoires
Longues comme des lignes de vie,
Contant le cœur et la bonne aventure
Sur l’arrondi tendre du mont de venus.
Mains creusées, évidées de leurs charges,
Porteuses d’histoire
Conteuses d’espoir.
Jean-Youri
Ciel sous l’œil de l’enfant
Grands nuages blancs
Devenant formes, rêves
Sous l’œil de l’enfant.
Jean-Youri
Fenêtres ouvertes sur la nuit
Par la fenêtre
Entrent parfums, bruits, songes
Le chant d’oiseaux de nuit.
Jean-Youri
Définition : Alchimiste
L’alchimiste argentifère
Elégant mammifère
Se couvrant d’or et d’oripeaux,
D’un chapeau long et pointue
Comme une cornue.
Le 24 juin, jour de la saint Baptiste
Rêvant d’or et d’améthyste
Vêtu pourtant de peau
Sur son corps nu
L’homme rêve, alchimiste,
D’être autre : artiste…
Jean-Youri