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24 avril 2006 1 24 /04 /avril /2006 00:27

 

Haïku du cerisier

             Le cerisier fleurit, en grappes blanches elles auréolent les branches au printemps… Le thé vert reflète la lumière du jour. J’aurais aimé que mes amis, autour du cerisier, participent au renga. Cette cérémonie japonaise se déroule lorsque les cerisiers sont en fleur. Unis, ils élaborent en harmonie un poème collectif. La beauté du poème provient de l’écoute de l’ensemble.

 

            Cette année encore, seul, je pose ma chaise près du cerisier. Je souris à la lumière. Mon carnet à croquis et à poèmes offert par ma petite sœur et mon meilleur ami à la main, je dessine et compose… j’ose rêver.  

            Qu’est-ce qu’un haïku ? Il s’agit d’un court poème japonais suivant des formes définies. Il comporte 3 vers de rythme 5 7 5. Il évoque la nature, une saison. C’est une forme classique de la poésie japonaise.

              Bashô Matsuo (1644-1694) est considéré comme l’un des pères du haïku.

  Haïku du cerisier, par Jean-Youri

 

   Printemps 

            Le cerisier en fleur,

             soleil éclatant.

             Ses pétales, comme des lèvres de femme.

 

 

 Contemplation

             Le papillon joue dans les vents,

             l’enfant ri.

             Le soleil, immobile à midi, les regarde.

 

 Parfum

             Les pétales en grappes blanches

             dodelinent au souffle léger…

             Les parfums encensent le jardin.

 

 Lumière

             La lumière caresse le cerisier

             blanc et floconneux.

             Branches chargées de pétales lumineux.

 

  Chants

             Ciels bleus à l’infini,

             l’oiseau s’envole,

             le vent chante dans les fleurs.

 

  Pluie de pétales

             Comme une pluie…

             Les branches vibrent sous l’envol de l’oiseau,

             Le poète, cheveux blanchi de pétales !

 

 

   Apparence

             Le tronc, vieux d’écorce fripée,

             porte le vent, les pétales, les oiseaux :

             L’éternelle jeunesse de la nature.

 

Horizon

             L’océan vert de l’herbe

             recouvert de l’écume des pétales tombés,

             horizon infini.

 

Faux lit

             Les narines vibrent,

             le cœur tapant :

             le poète, fou pour les hommes.

 

 Vertical

             L’insecte, élégant noir

             gravit de la feuille à la fleur.

             Le soleil, si haut.

 

Blanc

             Neige au printemps

             ou pluie de pétales

             L’oiseau pépie.

 

  Lit

             Le lit d’herbe,

             le voyageur est l’insecte.

             Mon visage pour lui, montagne.

 

Grotte

             Il vole, pétale ou insecte ;

             ma narine devient grotte.

             La montagne assoupie s’éveille.

 

   Perte

             L’abeille vole

             dédaignant le cerisier.

             Un pétale, sur le point de se décrocher.

 

  Abeille

             L’abeille dans la bouche de la fleur

             Pétales blancs, ailes lumineuses.

             Disparue. Une couronne de fleur tremble.

 

 

  Soir

             Moucherons en myriades.

             Déjà la nuit ?

             Les pétales deviennent gris.

 

 

   Course

             Minuscule araignée sur ma jambe

             huit pattes sur la mienne !

             Cavalcade folle…

 

  Vol

             Plus haute que l’homme

             l’abeille vole.

             Fleurs à mes pieds.

                                      

                                        Jean-Youri

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11 avril 2006 2 11 /04 /avril /2006 16:59

 

Poèmes pour ma petite soeur, Clair d'Etoile

 

                Un petit mot, plein de fraîcheur

 

                 Pour te dire que mon cœur

 

                Sourit, et rit, et vit, du bonheur

 

                D'être l'un pour l'autre, frère et soeur.   

 

  

 

              Poème pour trouver du soleil en soi

 

             Je te donne, en une folle farandole

 

            La lumière et la beauté

 

             D'un ciel bleu d'été

 

             Et des hirondelles, le magnifique envol.

 

 

 

  

            Je te donne mon amour de grand frère

 

            Les jeux d'enfants et les sourires

 

            Et tout ce qui fait naître joie et rires

 

            Dans un grand éclat de lumière.

 

 

             Je te donne le regard émerveillé

 

              D'un resplendissant azur,

 

             Les parfums frais de la nature

 

             Et nos coeurs tout ensoleillés.

 

                                            

                                               Jean-Youri

  

 

 

 

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1 avril 2006 6 01 /04 /avril /2006 16:54

 

Le texte suivant est la nouvelle primée par le coucours de nouvelle de La Baume les Aix.

 

Qui regarde la beauté du ciel ?

 

 

 

Eté 1940

 

 

 

            Chant, comme un océan de lumière venu de l'âme, donnant naissance à mes larmes et à mon amour.

            Lorsque retentissent les choeurs, la beauté révèle le plan de Dieu : remplacer par l'humanité les anges déchus. 

 

 

 

            Les hautes colonnes s'enfuient vers le ciel sans fin. Les voûtes de pierre se joignent comme les paupières, un instant fermées, du regard de Dieu fixé sur l'humanité. 

            L'homme, même fou, est toujours aimé de Dieu. Même assassin ? Même meurtrier ? Julien joint ses mains dont le sang séché forme comme une gangue de boue. Il prie.

 

 

 

 

 

 

Printemps 1940...

 

 

 

            Le mal est-il toujours choisi par l'homme ? Julien rit de la question. Les derniers froids de l'hiver sont emportés par le vol insouciant et léger du vent de printemps. L'haleine printanière souffle sur les arbres fruitiers. Les rayons de lumières étincèlent sur les miroirs de gel couvrant, comme une armure de glace, les parties ombragées des troncs. Peu à peu, l'écorce jaillit de sa chrysalide de neige.

            Julien, au sortir de l'hiver et de son enfance, loin de la main lourde du père appelé à la guerre, hurle un long cri animal dans la solitude de la campagne. Les mèches brunes en bataille retombant en désordre sur un visage grêlé d?acné, deux yeux noirs comme deux puits sombres, et le sourire triste de ceux trop longtemps dominés, Julien hait les hommes : il veut en être un. De ses longues jambes d'adolescent grandi trop vite dans les travaux de la ferme, il franchit la barrière si longtemps interdite, et remonte le sentier de poussière fine menant au village.

            Le clocher de l'église se dresse comme un mat au-dessus des passions violentes et inavouées des villageois... Les hommes partis, les femmes passent dans les rues vides, songeuses comme de lointains fantômes noirs. Vêtues, voilées, d'immenses mantes sombres ensevelissent les habitantes. Elles tiennent les boutiques en compagnie de vieillards geignants, mutilés, et d'enfants trop jeunes. Leurs regards glissent sans voir les clientes, s'arrêtent  seulement devant la statue du poilu, trônant au-dessus de la liste interminable des morts de la « Der des Der ».

            Julien ne reconnaît plus les maisons autrefois joyeuses, comme lors des foires, lorsque même les taloches du père ne pouvaient l'empêcher de regarder les visages riants, cuits par le vin, des paysans. Le village s'est endormi dans un hiver de cinq longues années. 

 

 

 

 

 

 

            La mère crie, les semaines passent, la mère crie. Le soleil bouscule les nuages, mord le blanc du ciel et laisse la trace bleue de ses dents croître, comme la colère. Julien grandit en force et en rage. Les lourds travaux du père apaisent quelques temps son impatience de vivre. La mère, comme l'image décharnée et sans force des commandements et punitions du père, hurle sans cesse des ordres. Julien obéit par habitude.

            Dans les champs la terre dorée reçoit l'empreinte de toute la vie nocturne. Traces d?écureuils près des noisetiers, de chats et de mulots puis une croûte de sang noirci agglutinant les grains de poussières, de renard à l'approche du poulailler.

             La lourde crosse écrase les calles de ses mains. La puissance de l'arme semble grandir, comme une volonté de mort surgie d'un coeur nourri de colère. Où est l'animal ? Les ombres froides du bois, semblables à d'antiques satyres moqueurs, se mêlent en une danse incohérente, feuilles agitées par le vent chargé de la pâle lumière de l'aube. Il s'engouffre au coeur du bois comme au coeur de son âme.

 

 

 

             Lentement, l'aurore finit d'éteindre les étoiles. Peut-être est-ce l'éclaboussure du sang des astres ? Des éclats roux doucement s'allument, de ci, de là... Le chant du rossignol s'est tu, celui du pinson n'a pas commencé encore. Le pas du jeune homme hésite.

            Parmi ces boules rousses, l'une d'entre elle semble le fixer ! Détale comme un démon. Fuite. Rapide. Branches et épines griffent le visage, lacèrent les mains et déchirent les vêtements. Julien ne voit que sa queue virevolter comme une flamme folle. Le bois s'ouvre en une clairière assombrie par les feuillages denses. Haletant, Julien appuie la crosse du fusil sur son épaule. La forme rouge du renard bondit, toujours plus loin. La poitrine se soulève de façon répétée, avec force. L'instant semble figé.

            De la cime des arbres tombe une lumière d'émeraude. Les gouttes de rosées s'illuminent, reliant d'arcs-en-ciel corolles et pétales de fleurs distantes, ramures et terres mouillées. Comme aveuglé de ténèbres puis d'excès de lumière, Julien ne veut plus tirer.

            Les deux états extrêmes de l'âme se joignent. Pitié pour la beauté de la vie et fureur contre son déploiement harmonieux, si étranger à son vécu douloureux. La forme disparaît. Le tube long et froid, chargé de haine et de munitions, est baissé depuis longtemps.

 

 

 

            Le retour est hagard, désorienté par de nouveaux sentiments. Les yeux verts cyclopéens des feuilles dardés sur lui, il baisse la tête. Il lui semble entendre, dans le jeu du vent frottant les branchages, le rire aigu de la mère et les grondements sourds de son père. La chaleur s'accroît, la sueur colle les tissus de son pantalon et de sa chemise contre sa peau. Il se sent jugé, aussi veule que les soldats qui, comme le père, ont laissé venir les Boches jusqu'au village. Le fusil brûle, scintillant pourtant d'éclats froids. Un frisson parcourt le corps de Julien, puis un autre, de haine et de colère.

            La chaleur de l'été brûle comme une fièvre, attisant l'esprit de Julien. Le soleil flamboie dans l'incendie vert des feuillages. La marche de Julien se ralentit, silencieuse. Il devient ombre parmi les troncs noirs.

            Le bruit de la vie. Qu'importe ce que c'est ! Tout est chose qui peut mourir. Un pas. Pas après pas. Julien s'approche, la crosse du fusil calée contre l'épaule. La fascination de la forme rousse l'aveugle. Les détonations l'assourdissent. La calotte de l'homme roux éclate, la tête explose en brouillard et pluie de sang.   

            Haletant, il s'avance. Des rigoles rouges descendent vers lui, traçant une frontière entre la mort et la vie. Ses jambes flageolent, le fusil tombe, Julien s'effondre. Un long hurlement d'animal humain se mêle aux bruits de la forêt.

            Julien court, cavalcade, les mains souillées du sang qu'il a porté à ses lèvres, incapable de comprendre. Le fusil est caché, lavé, enterré. Le bois s'assombrit sans fin.

           

            Hagard, hébété, Julien glisse parmi les ombres noires du village. Comme un phare au-dessus de l'océan nocturne de l'âme le haut clocher de l'église le guide. Il pénètre dans le lieu.

            Au sein du sanctuaire de Dieu, l'amour se déverse en vastes flots lumineux par d'immenses rosaces et vitraux. Dans cet asile, les voix d'hommes se mêlent, pures au-delà de toute expression. Mais les hommes ne sont pas purs. L'homme a peur, non des hommes, mais de sa conscience.

            Julien joint les mains.

            L'âme et l'oiseau sont ensemble deux fils du rêve. Espérant le ciel, portés par le souffle du vent, des anges et de la musique. L'église vit, à la fois lutrin et instrument de cette musique. L'Eglise parle, la conscience de l'homme vit, Julien pleure.

           

            Aboiement d'hommes et de chiens. Cris, ordres hurlés, la Wehrmacht en bottes brillantes et regard d'acier s'engouffre dans les maisons tristes, la mairie vide, l'église recueillie.

            La violence des phares jette un masque mortuaire sur le visage des otages. Combien de temps s'est écoulé depuis l'irruption des Allemands ? Que veulent-ils ? Un interprète glacial détache chaque syllabe avec un soin sadique : Exécution de cent habitants du village en mesure de représailles. Pourquoi des représailles ? Mais le village ne comporte que deux cents habitants depuis le départ des hommes aux deux guerres ! Les mères serrent contre elles leurs enfants endormis ou effrayés, pleurant dans le froid.

 

 

            Le froid du remord mord le coeur de Julien. L'effroi de ses propres actes. Il s'avance, la pourpre de ses mains devant son visage. Des coups. Une sensation de vide alors que ses jambes se dérobent sous lui. L'arcade sourcilière reçoit un coup de botte, puis un autre, des autres. Les reins, le visage. Julien est relevé par les brutes, porté, plaqué contre un mur. Il se sent défiguré, dents et nez fracassés, écoeuré par le goût de sang dans sa bouche.

            Julien distingue, au-delà des hommes qui pointent leurs fusils vers sa tête rougie par le sang, le Christ en croix qui a vaincu la mort.

 

                                                        

 

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