Je ne tente pas une versification parfaite selon le rythme traditionnel japonais (5 7 5). Mon but reste de privilégier l'impression, la sensation, parfois en respectant le nombre fixé de syllabe.
Le ton peut être délicat pour exprimer la tendresse du jour et la beauté de ses atours, être amusé ou farceur, à la façon de Bashô lui-même… Inquiet, etc… tout, pourvu que cela se fonde sur un sentiment vrai.
De nombreux haïkus contemporains explorent aujourd’hui les domaines du possible, de la poésie. Aussi bien sur la forme que pour l’inspiration. Citons les aïcous (haïkous de Provence) à prononcer comme aïoli ! Le domaine d’inspiration peut être les événements du quotidien, du contemporain :
Le gris des murs : trois haïkus contemporains
Rubans
Automobiles en files
Les rubans d’asphaltes muselant le sol
La saison est unique en ville.
Murs
Les murs s’amoncèlent
Cubiques ou rectangulaires
Aucun en forme d’arbres.
Gris
Vitres des immeubles
Miroirs du ciel enfumé
Se reflètent sur les lunettes.
La formule la plus classique des haïkus respecte le nombre conventionnel de syllabes et de vers : tercets de rythme 5 7 5, ainsi qu’une inspiration liée à la saison.
Impressions :
Insomnie
Lune argentée
Dans le ciel de printemps :
Nuit de paresse
Route perdue
Arbres longs et forts
Peuplant les forêts sombres
Oh ! L’inquiétude !
Cavalière (dédiée à Toffie)
Galops du cheval,
Sabots frappant le sable,
Rires de femme.
Mais d’autres rythmes peuvent être employés, à la convenance du poète. Voici quelques exemples en 3 5 3 :
Lumière
Le ciel bleu
Vibrant de soleil
Lumière !
Chants
Chants d’oiseaux
Aigus et joyeux :
Le printemps.
Vision :
Fins brins verts
Parsemés de fleurs :
Joie douce…
Bourgeon :
Le bourgeon
S’entête d’éclore,
Doux printemps.
Ailes
Vol d’oiseau,
Battements d’ailes,
Ciel d’azur.
Fuite
Il s’échappe
L’oiseau du bosquet
Bruits d’ailes…
Enfin, il est possible d’utiliser des genres proches du haïku mais différentes par l’intention visée par l’auteur: ce sont les senryus par exemple. Les senryus sont des poèmes satiriques, de sujet parfois politiques ou érotiques. Voici quelques essais…
Foule
Trottoir de passants
La foule courre et crie
A chaque lundi !
Elle
Les lèvres roses
Oh ! Boire à ses seins blancs
Femme tant aimée…
Mariage arrangé, dérangé
Lit trop peu défait,
Flamme voulue éteinte...
Soupirs feints d’amants !
Toute poésie est une invitation… au rêve et à la beauté, à la découverte de l’autre et à l’amitié… Je vous invite à lire et si vous le désirez, à écrire.
Jean-Youri (partie 2)